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JO et esprit moralisateur ?

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JO et esprit moralisateur ? Empty JO et esprit moralisateur ?

Message par Mouss Mer 11 Aoû - 19:45

vous en pensez quoi de cet article ?


https://atlantico.fr/article/decryptage/la-guerre-culturelle-autour-de-l--esprit-olympique-jo-de-tokyo-2020-japon-athletes-sportifs-medailles-competition-woke-mick-hume

(...)
au milieu de tout cet or sportif scintillant, il y a aussi eu beaucoup de déchets culturels et d'absurdités politiques, car Tokyo a répondu aux attentes de ceux qui voulaient que ce soit les « Jeux olympiques du peuple ».
(...)
Il s'agit ni plus ni moins d'une guerre des cultures sur la véritable signification de l'« esprit olympique ». Il y a toujours eu une tension dans ce concept, depuis qu'il a été défini pour la première fois par le baron de Coubertin, fondateur français des Jeux Olympiques modernes. Le baron a déclaré que « l'important aux Jeux olympiques n'est pas de gagner mais de participer, tout comme dans la vie, ce qui compte n'est pas la victoire mais la lutte ». Pourtant, Coubertin a également inventé la devise latine des Jeux Olympiques (prétendument « empruntée » à un prêtre amateur d'athlétisme), « Citius, Altius, Fortius » - « Plus vite, plus haut, plus fort », qui met évidemment l'accent sur la victoire et le fait d'être le meilleur.
(...)
Non seulement l'aspect « participation » a été élevé au-dessus de l'aspect « victoire », mais il a également été réécrit. Ce qui importe vraiment cette fois-ci, semble-t-il, ce n'est pas seulement la participation, mais aussi « qui participe », l'accent étant mis sur l'identité raciale, sexuelle, de genre ou autre des concurrents. Et la « lutte » qui attire toute l'attention n'est pas la lutte sportive de Coubertin, mais les luttes contre l'oppression, le privilège des Blancs, la transphobie et la protection de leur santé mentale, dans lesquelles semblent s'être engagés de nombreux concurrents de Tokyo.
(...)
Cette dérive woke n'est pas le fruit d'un élan spontané de la part des athlètes. Elle a été encouragée, voire institutionnalisée, du haut en bas de l'échelle, par les autorités olympiques, les géants des médias et les entreprises sponsors
(...)
Les patrons olympiques ont également modifié leurs propres règles avant Tokyo afin d'autoriser pour la première fois les gestes politiques du type « genou à terre ».
(...)

Mouss

Messages : 361
Date d'inscription : 02/01/2021

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JO et esprit moralisateur ? Empty Re: JO et esprit moralisateur ?

Message par Mouss Mer 11 Aoû - 20:27

Et si on inventait les Jeux Olympiques du XXIe siècle ?

Tribune libre.
Les Jeux Olympiques de Tokyo s’ouvrent, sans spectateur, et peut-être bientôt sans certains athlètes. La pollution de l’air due aux méga feux et le forfait de Davila Jakupovic littéralement époumonée n’avaient pas non plus arrêté l’open de tennis d’Australie en 2019. Ce qui pose problème, ce n’est pas le sport, mais bien plutôt la compétition et la cascade d’engagement qu’elle induit. Olivier Hamant de l’ENS de Lyon estime que c’est l’occasion de réinventer les JO en profondeur.


La pratique sportive peut être une véritable passion, partagée et enthousiasmante. Mais qu’en est-il de la compétition sportive ? Les JO de Tokyo nous offrent l’occasion d’une analyse critique. Messes quadriennales du sport de compétition, les JO sont indéfectiblement associés à son fondateur, Pierre de Coubertin, un homme de son temps. Il n’était pas franchement féministe (« Il est indécent que les spectateurs soient exposés au risque de voir le corps d’une femme brisé devant leurs yeux. En plus, peu importe la force de la sportive, son organisme n’est pas fait pour supporter certains chocs. »), pas du tout anticolonialiste (« Dès les premiers jours j’étais un colonial fanatique ») et encore moins groupie du multiculti (« Les races sont de valeur différente et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance« ).

Ces convictions privées se sont naturellement invitées au sein des JO. Ainsi, les 12 et 13 août 1904, sont organisées les « journées anthropologiques » : deux journées adossées aux JO où les peuples colonisés sont invités à lancer leurs sagaies et leurs flèches. Les performances sont mesurées et comparées à celles des athlètes blancs. La conclusion est donnée par le « Spalding’s Official Athletic Almanac for 1905 » : « Les maîtres de conférences et les auteurs devront à l’avenir omettre toute référence à une capacité athlétique naturelle chez le sauvage, à moins de pouvoir attester leurs exploits présumés. »

A l’heure où nous disons vouloir confronter notre histoire coloniale, raciste, et machiste, il est étonnant que cette page de l’histoire des JO ne soit pas plus souvent revisitée. Les anneaux Olympiques ne symbolisent-ils pas plutôt des chaînes ? Ici, la performance sportive a été utilisée pour justifier le racisme, notamment dans une Amérique ségrégationniste.

La performance s’auto-justifie
Si la performance peut être négative, elle contient en elle-même une autre faiblesse structurelle. Comme l’exprime très bien la loi de Goodhart, « quand une mesure devient une cible, elle cesse d’être une bonne mesure ». Dit autrement, la mesure d’une donnée soumise à une forme de compétition est rarement fiable parce qu’elle s’auto-justifie1. Le dopage l’illustre parfaitement : il s’agira d’atteindre la meilleure performance, en trichant et quelle qu’en soit le coût pour la santé des athlètes. Plusieurs médaillés d’or ont été disqualifiés : huit aux jeux de Sydney, huit aux jeux d’Athènes, un aux jeux de Beijing, deux aux jeux de Londres… comme autant de preuves que cette logique opère encore aujourd’hui.

Cette auto-justification dépasse les athlètes et leur dopage éventuel. Tout ce qui est mesuré est sujet au jeu et donc au pari financier. La performance sportive est aujourd’hui un vecteur majeur du blanchiment d’argent. Selon le rapport « Mapping of corruption in sport in the EU 2019 », 90 milliards d’euros sont blanchis illégalement via le sport chaque année en Europe.

Ces cascades d’engagement peuvent même être étendues à la question environnementale. Prenons le cas des JO d’hiver, organisés dans des régions froides. Cette lapalissade est pourtant de moins en moins vérifiée. En février, la température maximale moyenne des lieux des JO d’hivers était de 0.4°C de 1920 à 1960, 3,1°C de 1960 à 2000, et 7,8°C de 2000 à 2010. Finalement, notre déconnexion à la planète se manifeste aussi dans le sport. Réciproquement, les enjeux de la compétition sportives poussent à plus de déconnexion dans une spirale d’amplification. Inutile de dire que cette évolution touche également les compétitions sportives dans les régions chaudes, avec l’apparition de la climatisation en plein air des stades. Notons ici que le Qatar, hôte du mondial-2022, utilise 60% de son électricité pour la climatisation, et que cette consommation devrait doubler d’ici 2030.


« Le futur du sport de haut niveau est-il sans compétition ? »
Alors que faire ? Il ne faut pas se tromper de combat. Le problème n’est pas la pratique sportive; c’est la compétition. Paris organise les JO en 2024 et a l’opportunité de proposer un contre-modèle, post-Covid, et surtout mieux en phase avec son époque. Que proposer ? Peut-être suffit-il d’écouter une part grandissante des jeunes parents qui veulent que leurs enfants pratiquent une activité sportive, mais sans être en compétition avec les autres. Cité dans Ouest France en 2013, le directeur technique du club de judo de Coulounieix-Chamiers disait : « autrefois on faisait presque systématiquement de la compétition quand on faisait du judo » et aujourd’hui, ils ne sont plus que 10 % à en faire : « Si on avait une approche trop compétition, on en ferait partir beaucoup. ». Un mouvement aussi en cours dans le football, notamment grâce à l’initiative du mouvement Tatane.

Il s’agit d’ailleurs certainement d’un basculement plus profond, qui dépasse le monde du sport : l’hyper-performance de l’agro-industrie est remise en cause par l’agroécologie, moins performante à court terme, mais plus robuste à long terme2. La performance des nouveaux matériaux de construction dans certains bâtiments passifs est remise en cause par le coût environnemental de leur synthèse, de leur usage et de leur démantèlement. A la place, l’emploi et la maîtrise de matériaux moins performants, comme la paille ou la terre crue sans externalités environnementales négatives et plus robustes sur le long terme, sont mis en avant notamment par l’association Oïkos.

Les JO ne devraient-ils pas embrasser également ce mouvement ? Après un héritage historique nauséabond, les multiples dérapages d’une performance auto-justifiée, les récents ratés de Tokyo, les retards des chantiers des JO de Paris… peut-être est-il temps de remettre en cause le modèle des JO plus fondamentalement ? Pourquoi ne pas valoriser la pratique sportive, y compris la pratique du sport loisir, au détriment de la compétition sportive ? Pourquoi ne pas inclure le yoga, construit sur l’écoute de son corps, contre la performance à tout prix ? Peut-être même que de nouveaux anneaux olympiques seraient les bienvenus pour célébrer cette nouvelle trajectoire du sport sans compétition. Une première proposition : pourquoi ne pas renouer avec les racines grecques des JO et adopter le signe grec infini (∞) pour signifier que l’absence de compétition a une autre propriété : elle permet le jeu sans fin.

Par Olivier Hamant, directeur de recherche à l’INRAE, membre de l’institut Michel Serres, ENS de Lyon

Références

Marc A. Edwards and Siddhartha Roy, 2017, Academic Research in the 21st Century: Maintaining Scientific Integrity in a Climate of Perverse Incentives and Hypercompetition, Environ Eng Sci. doi: 10.1089/ees.2016.0223
Matthieu Calame, 2016, Comprendre l’agroécologie: origines, principes et politiques, Ed. Charles Léopold Mayer

Pour aller plus loin :

https://www.liberation.fr/debats/2020/05/06/pour-s-adapter-il-faut-s-inspirer-du-vivant-et-cesser-d-optimiser-a-tout-prix_1787410/

Cours publics d’Olivier Hamant : https://ecoleurbainedelyon.universite-lyon.fr/resilience-des-vivants-cours-public-par-olivier-hamant-211577.kjsp?RH=1510909846029
sport sans compétition : https://www.sudouest.fr/2013/10/05/le-sport-sans-competition-un-choix-qui-progresse-1189969-4632.php?nic

tatane à Paris, pour un football durable : https://tatane.fr
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